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Poésie urbaine

Aujourd’hui j’ai pris un Uber à Paris. Après 2 annulations, le froid polaire, les 8000 choses que je gère en ce moment (les fins d’années sont toujours un très grand moment !), un brin fatiguée, j’ouvre la portière prête à regarder le paysage défiler, fermer même un peu les yeux. Tiens sa plaque finit par « EL » comme Elodie. C’est rigolo. 

– « Bonjour monsieur ! » 

Le chauffeur est un homme d’à peu près mon âge. À première vue, comme n’importe quels inconnus qui se retrouvent là, nous n’avons a priori rien à partager hormis ces quelques minutes qui s’annoncent, pour ma part,  silencieuses. 

– « Ça va, vous passez une bonne journée madame ? »

Il est souriant. Il est gentil, il me communique sa bonne humeur sans réserve. Je lui réponds avec un grand sourire. Ce trajet ne sera finalement pas silencieux.

Il y a des personnes avec lesquelles le courant passe, on ne sait pas pourquoi. Ça clique. Il n’y a pas forcément besoin de parler. Ni chercher à en savoir plus. 

C’est comme ça. Alors on se met à parler de tout mais surtout pas de rien. On se raconte nos émotions, nos vécus, de jours qui se lèvent, de sensibilité et d’épreuves qui ne sont peut-être finalement jamais insurmontables.

– « Il nous reste 10 minutes de trajet, je vous propose qu’on mette une chanson, vous la connaissez forcément et on la chante tous les deux en gueulant, ça vous dit ? »

Évidemment que ça me dit, comment dire non à l’extraordinaire ?

Il lance sa chanson et me donne les paroles sur son téléphone, au cas où je ne les connaîtrais pas (aussi bien que lui) : « Sous le vent » de Garou et Céline Dion. 

Je tiens cette chanson en horreur depuis qu’elle est sortie, je souris un peu intérieurement. Il se met à chanter, chanter très très  bien. D’habitude, cela me met assez mal à l’aise les gens qui chantent « sérieusement » mais lui il fait ça bien, ça me touche et… pour la première fois, j’écoute les paroles de « sous le vent ».  Quand arrive le couplet de Céline, je le vois là dans le rétro, hyper enthousiaste à l’idée que ce soit mon tour, il attend que j’y aille. Je chante vraiment très mal mais je suis en confiance, je me lance. Il m’écoute et je ne suis pas gênée. Je chante même juste. Je suis là au fond de sa voiture emmitouflée comme un esquimau à chanter « sous le vent » son portable à la main, les paroles défilant sous mes yeux. On finit par avoir le fameux couplet à 2 final et on rigole en faisant les vibratos, la moindre vibe qu’on connaît, par cœur. On gueule, on rit. 

On a tout juste le temps de lancer la musique de la scène d’ouverture du « roi lion », parce que c’était son préféré, tout petit. Moi aussi.

– « Nous sommes arrivés à destination » 

Merci la vie. 

– « Vous êtes radieuse, rayonnante, même quand vous êtes épuisée » 

– « Merci du fond du cœur »

– « Vous êtes la plus belle course de ma journée »

J’ai ajouté « sous le vent » à ma playlist. 

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